Similitudes : joie et bonheur sont des émotions agréables, qui nous donnent le goût et l'énergie de vivre, et qui disparaissent, c'est logique, quand nous sommes tristes ou déprimés. Différences : leur intensité, leur durée et leurs conséquences. Ainsi, la joie est une émotion plus intense, mais plus brève que le bonheur. Plus enfantine et spontanée, en quelque sorte. C'est peut-être ce qui la rend plus "chic" aux yeux de certains critiques du bonheur (qui perçoivent le bonheur comme un truc de vieux pantouflards).
La joie est aussi une émotion plus corporelle, plus physique, plus remuante, qui nous pousse davantage vers l'action, voire l'agitation : on saute de joie mais pas de bonheur, le bonheur est un ressenti plus tranquille. La joie est plus visible ; le bonheur, plus discret. La joie qui pousse à l'action, peut aussi déraper : en psychiatrie, il existe des joies pathologiques, lors des phases dites "maniaques" de la maladie bipolaire, et ces joies sont marquées par beaucoup d'agitation, d'impulsivité, et un trop-plein d'appétits et d'énergies, qui va entraîner de nombreux problèmes (dépenses et conflits). On ne connaît pas de pathologies du bonheur, sinon celle de son manque maladif, la dépression.
Enfin, la joie, plus corporelle donc, est de ce fait une émotion moins mentalisée que le bonheur, plus animale ; dans le ressenti de bonheur, il y a davantage de pensées, de souvenirs, de bilan de son existence actuelle ou passée. Ainsi, les échelles destinées à mesurer le bonheur séparent cette dimension dite "eudémonique" (de satisfaction avec son existence) de la dimension dite "hédonique" (de satisfaction purement émotionnelle).
Nous en parlions plus haut : la joie n'est pas supérieure au bonheur, comme le matin n'est pas supérieur au soir. En revanche, j'ai souvent l'impression que la joie est du matin et le bonheur du soir ! La joie, c'est cet élan vital qui, les bons jours du moins, par exemple lorsque nous sommes en vacances, nous tire hors du sommeil avec l'envie de vivre la journée qui nous attend ; la joie ressemble à nos matins lorsque nous allons bien. Le bonheur évoque plutôt le soir, les crépuscules tranquilles de l'été : nous sommes heureux de ce que nous avons vécu dans la journée, il y a de la douceur, de la beauté, tout est à sa place, notre vie a du sens, et nous nous sentons prêts à accueillir la nuit. Joie et bonheur, choisissons les deux !
(Christophe André, Psychologies - Août 2025)

...Oui, c'est une très belle réflexion Alice que tu partages sur la joie et le bonheur, et je trouve la comparaison entre le matin et le soir particulièrement évocatrice. Christophe André l'explique avec finesse, et je suis d'accord avec lui : il ne s'agit pas de hiérarchiser ces émotions, mais plutôt de reconnaître leurs nuances et leurs complémentarités. Krishnamurti disait que dans la joie, le temps n'existe pas. Cette idée rejoint bien ce qui est décrit de la joie comme une émotion intense, spontanée, presque "enfantine" et corporelle. Quand on saute de joie, on est pleinement dans l'instant présent, cette immersion totale où la conscience du temps s'estompe. C'est un peu comme ce sentiment d'élan vital au matin, où l'on est absorbé par l'envie de vivre la journée qui commence, sans se soucier du passé ou du futur. Le bonheur, en revanche, semble plus lié à une réflexion, à un bilan de son existence. C'est cette satisfaction plus tranquille, plus durable, qui évoque la douceur du soir et la sérénité après une journée bien vécue. Il y a une dimension de recul, de contemplation qui est moins présente dans l'explosion de joie. Finalement, ces deux émotions sont comme les deux faces d'une même pièce, chacune ayant sa propre beauté et sa propre fonction dans notre vie. La joie nous propulse, le bonheur nous ancre. Et, comme le suggère Christophe André, le mieux est de choisir les deux ! Merci d'avoir partagé ce texte si stimulant Alice. Qu'en penses-tu ? Vois-tu d'autres aspects où la joie abolit le temps pour toi ?!
RépondreSupprimer''Les instants de grande joie, d’immense extase, ne sont jamais prémédités : ce sont des événements imprévisibles, mystérieux, secrets''.
Krishnamurti
https://youtu.be/SdFBAmuarZ8?si=8alJsKVTaPDJw7Hy
https://youtu.be/KialZHRdD7A?si=IEwZXMzWTfO0mKRh
"La joie nous propulse, le bonheur nous ancre"... Oui ! Voilà pourquoi j'ai une préférence pour le bonheur qui nous stabilise dans notre épanouissement et la douceur ambiante, plutôt que le pic éphémère, fort appréciable sur le moment bien sûr, de la joie qui nous surprend... D'ailleurs, pour donner raison à l'hypothèse que pose Christophe André, je suis bien plus "du soir" que "du matin" ! ;-)
Supprimer...Oui, la joie, cette étoile filante, on la voit, on l'admire, et puis elle disparaît dans le velours du ciel.
RépondreSupprimerLe bonheur, lui, est une autre musique. C'est la mélodie lente d'un soir d'été, quand l'air se fait doux et que les ombres s'allongent. Il ne propulse pas, c'est vrai. Il accueille. Il est cette douceur ambiante, un refuge où l'on peut poser son cœur sans craindre qu'il ne s'envole au premier coup de vent. Il est ce qui nous stabilise dans notre épanouissement, cette ancre invisible qui retient le Sampan au fond d'une baie paisible. N'est-ce pas là le plus beau des voyages, celui qui nous ramène toujours au meilleur de nous-mêmes ?!
Je suis aussi ''nocturne'' que toi Alice ! ;-)
https://youtu.be/gIrNZxDOYUY?si=ga5WYdStDrkUH7gz
C'est rare, Chopin à la guitare ! À bloguer un de ces... soirs ! ;-)
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