Le petit monde d'Alice

jeudi 31 juillet 2025

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Chapitre 3

Le troisième matin, Inès n’était pas descendue déjeuner.
 
Depuis sa chambre, elle observait la cour où les autres femmes préparaient l’atelier de peinture avec Yasmine. Elle se sentait en décalage, à la fois attirée et bloquée, comme devant une porte entrouverte mais invisible. Elle ne savait pas encore comment entrer.
 
Vers 11h, quelqu’un frappa doucement.
 
— C’est Léa. Tu es réveillée ?
 
Inès hésita, puis ouvrit. En silence, Léa entra et s’assit au bord du lit sans poser de questions.
 
— Tu n’es pas obligée de participer, tu sais. Mais tu peux venir t’asseoir, même sans parler. Même sans sourire.
 
Inès tourna la tête vers la fenêtre.
 
— J’ai l’impression d’être en papier. Froissée. Insignifiante. Je regarde les autres vivre, et moi… je n’y arrive pas.
 
Léa hocha la tête. Elle sortit de sa poche un petit carnet relié de cuir. Dedans, des phrases griffonnées à la main. Elle tourna quelques pages, puis lut doucement :
 
« Il y a des jours où même respirer semble trop ambitieux. Alors on écoute le vent. Et on attend. »
 
Inès sentit sa gorge se nouer.
 
— C’est toi qui as écrit ça ?
 
— Non. Une femme qui est venue ici l’an dernier. Elle ne croyait pas en la lumière non plus. Et maintenant, elle enseigne la danse à Marseille. La transformation, ça prend du temps. Mais c’est possible.
 
Inès regarda Léa en silence. Puis elle dit :
 
— Je veux bien descendre. Mais je ne peindrai pas.
 
— Parfait. Viens juste t’asseoir. Le reste viendra.
 
Dans la cour, le soleil filtrait à travers les feuilles du figuier. Clara dessinait un galet. Samia coloriait un souvenir.
 
Inès, elle, s’assit dans l’ombre. Et pour la première fois depuis des semaines, elle sentit que le silence pouvait aussi contenir de la douceur.


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