Publié par Alice
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Connaissance de soi, Graines de réflexion, Refuges
La solitude de Bobin
"Je ne sais pas si la solitude est un refuge. Mais je suis frappé d’une parole qui peut souvent s’entendre sur la solitude comme qualifiée éthiquement d’égoïsme ou de protection, de refuge ! Il est vrai que je passe un temps considérable de ma vie dans une forme de protection, de préservation. Préservation de soi. Ou peut-être de plus que soi. Et je serais effectivement malhonnête si je parlais de solitude en faisant l’impasse sur ce besoin animal de se retirer, d’éviter la rencontre. De préserver quelque chose. Oui, il y a une assez grande partie de ma vie comme cela. D’ailleurs si elle n’était pas contrebalancée par autre chose, on irait tout doucement vers une ligne de fuite autiste. Il y a une partie qui est même en apparence, de façon passive, silencieuse, non agissante, tournée vers la coupure. Ce qui ne m’empêche pas de vous avoir dit que, dans la solitude, je ne m’éprouve pas du tout comme séparé , ce qui est vrai. Les deux choses sont vraies, et parfois simultanément vraies. Simplement, je suis relié autrement. Je suis relié autrement que par les liens consacrés, les liens de plein jour, les liens officiels. Je suis relié d’une façon qui serait difficile à exprimer. Une façon d’où viennent sans doute les livres, l’écriture. Oui, là, il y a sans doute un état paradoxal de la solitude telle que je peux l’éprouver. Cela dit, avec le temps, je ressens de moins en moins, et peut-être plus du tout, de culpabilité de ce versant de protection."
(Christian Bobin)
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