Le petit monde d'Alice

mercredi 3 février 2021

Publié par Alice - 0 commentaire

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Il y a longtemps, très longtemps, les Roms menaient une vie nomade. Le monde, pour eux, n'avait pas de frontières. Ils voyageaient sans cesse sur les routes sans fin, à travers les montagnes, les vallées et les forêts, mais ils n'arrivaient pas toujours à trouver un endroit où se reposer. 
Un jour, une petite tribu, surprise par un hiver précoce, fut obligée de s'arrêter pour camper près d'une montagne. Les hommes installèrent donc leurs tentes et leurs chevaux dans un grand pré où coulait une petite rivière. 
Le vieux chef rassembla tous les hommes et les femmes et il leur dit : 
« L'hiver arrive et nous ne pourrons pas franchir cette montagne avant le printemps prochain. Nous allons rester quelque temps ici, cela nous permettra de nous reposer un peu avant de reprendre la route. Il y a longtemps que nous n'avons pas célébré de mariages. Demain je choisirai trois jeunes hommes et trois jeunes filles et nous les marierons. » 
Le lendemain, le vieux chef choisit trois jeunes hommes et leur dit : 
« Il vous faut à présent trouver des cadeaux pour vos futures épouses, que je choisirai selon ce que vous leur rapporterez. » Ainsi fut dit, ainsi fut fait. 
Les jeunes hommes partirent alors chacun de leur côté. L'aîné, qui s'appelait Barvalo, ce qui veut dire "riche", eut beaucoup de chance. L'après-midi même, alors qu'il marchait au bord de la rivière, il découvrit une énorme pépite d'or. Tout heureux, il se précipita au campement. 
« Je vois que tu as bien pensé à ton avenir et à celui de ta future femme, lui dit le vieux chef. Aussi, je te choisis une compagne digne de toi, Soumnakaï, la fille la plus riche de la tribu. » Ainsi fut dit, ainsi fut fait. 
Le deuxième jeune homme, Zouralo, qui veut dire "fort", pénétra dans la forêt. C'était un excellent chasseur. Dans une clairière, il vit un grand cerf. D'une seule flèche il le tua et le ramena jusqu'au campement. 
« Tu es un bon chasseur Zouralo, lui dit le vieux chef. Tu arriveras toujours à nourrir ta famille. Ta femme sera Zoumi, notre meilleure cuisinière. » Ainsi fut dit, ainsi fut fait. 
Le troisième jeune homme – Drago était son nom, ce qui signifie "aimé" – lui, avait décidé de monter sur la montagne. Il grimpa jusqu'à la nuit noire. Lorsqu'il arriva au sommet, le jour se levait et les premiers rayons du soleil caressaient le paysage. Il contempla la forêt avec tous ses arbres et ses animaux, la rivière qui scintillait de mille reflets dorés, la prairie verdoyante où étaient plantées les tentes. Comme c'était beau ! Si seulement il avait pu montrer tout cela à sa tribu ! Mais il ne savait toujours pas quel cadeau il pourrait ramener à sa future épouse. En regardant autour de lui, il aperçut une jolie petite fleur sauvage. 


Drago la cueillit et la mit au revers de sa veste, puis il s'en retourna au campement. Il alla voir le vieux chef, s'inclina devant lui et lui dit :
 
« Pardonne-moi, vénérable chef, je suis parti les mains vides et c'est les mains vides que je reviens. J'ai choisi la route la plus difficile. Je suis monté tout en haut de la montagne. De là-haut, j'ai vu la forêt avec tout son gibier, j'ai vu la rivière avec tous ses poissons, j'ai vu la prairie avec toute son herbe pour nos chevaux. Je n'ai rapporté ni or ni gibier, mais seulement cette fleur comme témoin de tout ce que j'ai vu. Le vieux chef prit la fleur, la montra à tous et dit d'une voix grave : 
« Ecoutez, Romale ! Barvalo a ramené de l'or pour lui et sa femme, Zouralo a ramené de la viande pour sa famille, mais Drago, lui, a rapporté un cadeau pour nous tous. Cette fleur, c'est la fleur de la vie. Grâce à cette fleur, j'ai compris que c'est ici le meilleur endroit au monde où nous installer pour de nombreuses années dans la paix et l'abondance. » 
Puis, se tournant vers Drago, il ajouta : 
« Et toi, Drago, puisque tu sais si bien voir la beauté, tu prendras pour épouse Shoukar, la plus belle fille de notre tribu. Que Dieu vous bénisse et vous donne autant d'enfants qu'il y a de pétales à cette fleur. » 
Ainsi fut dit, et ainsi fut fait.

Si je compte bien, la belle Shoukar a courageusement mis 13 enfants au monde... 

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