Le fils étudia pendant un an avec ce maître. Quand il revint chez lui, le père fut horrifié de l'entendre dire : "Père, je sais maintenant ce que les grenouilles coassent."
Renvoyé pour une deuxième année d'études avec un maître différent, l'enfant revint pour dire : "Je sais maintenant ce que les chiens aboient."
Le père entra dans une telle fureur qu'il chassa son fils en criant : "Oh, tu n'es plus mon fils! Je te chasse de la maison et de la Cour, va-t-en dans la forêt sauvage. Tu pourras y garder le bétail comme un valet et tu apprendras ainsi ce qu'est le travail !"
Jean se mit donc à garder le troupeau de son père, comme un simple berger. Un jour après l'autre, il restait assis près du troupeau et commençait à trouver le temps long. Une fois, il vit venir à lui deux étrangers. ceux-ci le saluèrent et lui dirent : "Nous errons de par le monde pour tenter notre chance !"
"Ah, emmenez-moi avec vous, demanda Jean, je serai pour vous un bon compagnon. Il est vrai cependant que je n'ai pas d'argent." Le jeune berger plut aux deux voyageurs qui dirent : "Eh bien, viens avec nous, berger. Le reste sera notre affaire."
Tous trois descendirent donc la vallée. Leur route passait auprès d'un marécage ; sur le gazon, des grenouilles coassaient. Jean écouta et dit à ses compagnons : "Savez-vous ce que les grenouilles coassent ?" "Comment le saurions-nous, sot que tu es !" répliquèrent-ils en riant. "Le saurais-tu, par hasard ?" "Elles disent que dans le village où nous passerons la nuit, il y a une femme malade dans son lit. L'une de ces grenouilles tient une herbe dans sa bouche ; si on la prend et donne à la malade, celle-ci guérira aussitôt. Sinon, elle mourra." Ses deux compagnons se moquèrent de lui et pensèrent que tout cela n'étais que mensonge. Quant à lui, il alla vers les grenouilles et prit l'herbe.
Lorsqu'ils arrivèrent au village où ils voulaient passer la nuit, ils apprirent en effet qu'une femme y était mourante et personne ne savait pourquoi. Le médecin ne pouvait rien faire. Jean tira alors de son sac l'herbe qu'il avait prise à la grenouille et la donna à la femme malade ; celle-ci guérit aussitôt et se leva de son lit, pleine de force et de santé. Joyeuse, elle remercia chaleureusement le jeune homme étranger et lui demanda comment elle pourrait le récompenser de ce qu'il avait fait pour elle. "Oh ! Ce fut fait avec plaisir et cela ne vaut pas la peine d'en parler. Je n'en veux rien."
Mais la femme lui donna cependant une bourse pleine de pièces d'or et Jean avait désormais les poches remplies comme ses compagnons.
Le matin suivant, ils continuèrent leur route. Mais ses deux compagnons étaient devenus jaloux parce que le pauvre berger en savait plus qu'eux, et ils commencèrent à l'insulter en termes grossiers. Mais Jean n'y prit pas garde et ne leur répondit rien. Il resta assis tranquillement sur le bord de la route et les laissa partir seuls. Lorsqu'ils disparurent au loin, il continua lui aussi à marcher et parvint vers le soir à la vallée de Loèche.
Suite demain soir...
0 commentaire
Enregistrer un commentaire