Ces pensées qui deviennent nôtres

Moni Pie

"Je mesurais tous les jours combien la lecture offre la plus belle évasion, même à celui qui ne quitte jamais son territoire.

Mettre dans sa tête les mots d'un autre c'est, le temps d'un livre, avoir la possibilité de les faire siens.
Un peu comme le comédien qui doit éprouver le ressenti du personnage qu'il interprète. S'identifier à certains personnages n'est pas sans conséquence dans notre vie.  Les perspectives ouvertes par les mots d'un autre deviennent un peu des possibles vers lesquels s'engager.
Il m'est arrivé souvent que la lecture d'un livre me donne la clairvoyance nécessaire pour exprimer ce que je pensais.
Les citations de mon petit carnet en sont souvent sorties pour dire en quelques mots à mes enfants ce que je ne parvenais pas à exprimer avec mon seul vocabulaire. [...]
Les livres sont des espaces incertains. Il n'est pas sans risque de se laisser traverser par les pensées d'un tiers. Certaines vont s'accrocher dans nos branches et rester ainsi posées, grandissant avec nous, pour rejaillir plus tard comme des pensées enfouies dans la malle d'un grenier. Parfois elles deviennent nôtres au quotidien, à tel point que l'on en oublie leur origine étrangère."
(Eric de Kermel, La libraire de la place aux Herbes)