L'arbre aux rameaux d'or (conte birman)

Un vieil ermite vivait dans une grande forêt. Un jour, un petit chien semblant à moitié mort de faim passa par là, les yeux emplis de frayeur. 

"Viens, ma pauvre créature !", dit l'ermite qui eut pitié de l'animal.

"Les bêtes sauvages de la forêt vont sûrement te dévorer. Reste avec moi ! Ici, personne ne te fera de mal."

L'ermite arrangea une petite place au chien et ils partageaient les fruits et les baies dont il vivait.

Un jour, le vieil homme resta longtemps, très longtemps assis à contempler le petit chien. Finalement, il lui dit : "Je deviens de plus en plus vieux et bientôt, je n'aurai plus la force de cueillir les fruits et les baies qui nous nourrissent. J'ai besoin de quelqu'un qui pourra s'occuper de moi dans mes vieux jours. C'est pour cela que je vais prier en demandant que tu prennes forme humaine."

Photographe : Régis Colombo

Le vieil ermite ferma les yeux et commença à prier. Il pria longtemps. Lorsqu'il rouvrit les yeux, une belle jeune fille se tenait devant lui. L'ermite fut très heureux que son voeu se soit réalisé et traita la jeune fille comme si elle était son enfant. Celle-ci était elle aussi très heureuse et s'occupait de l'ermite du mieux qu'elle pouvait. Malgré tout ce bonheur, une chose préoccupait l'ermite, la jeune fille était certes très bonne, mais elle avait un défaut : comme tous les chiens, elle adorait mordiller le cuir. L'ermite le savait et tous les soirs, avant d'aller se coucher, il cachait ses sandales. Nuit après nuit, il entendait les pleurs et gémissements de la jeune fille qui flairait partout à la recherche de quelque chose à ronger. Peu à peu, elle réussit pourtant à se libérer de cette habitude.

Bien des semaines plus tard, par une belle matinée, la paix de la forêt fut troublée par les sons des cors et des instruments à vent : le roi organisait une chasse. Il pistait justement un chevreuil et passa devant la cabane de l'ermite. Lorsqu'il vit la jeune fille, il immobilisa aussitôt son cheval. Il n'avait encore jamais vu de jeune fille si belle et son coeur fut conquis. "Mon brave", dit le roi à l'ermite, "si cette jeune beauté est ta fille, alors donne-nous ta bénédiction et autorise-moi à en faire ma seule et unique reine !" "Elle n'est pas de suffisamment haute lignée pour être digne d'être votre reine", rétorqua l'ermite. "Je vous en prie, poursuivez votre chemin et oubliez ma fille !" "Qu'importe qu'elle soit noble ou non !", s'écria le roi. "Elle est née pour régner à mes côtés. Je souhaite en faire ma reine ou sinon, il n'y aura jamais aucune reine."

L'ermite comprit que le roi était sincère, le prit à part et lui dit :

"Soit, je consens à cette union, mais uniquement si vous me promettez que jamais, quoi qu'il arrive, vous ne la rendrez malheureuse ! Elle a une grande faiblesse, mais celle-ci ne se manifeste que lorsqu'elle est malheureuse." Le roi promit, et l'ermite l'autorisa à partir avec la jeune fille pour l'épouser. Comblé de bonheur, le roi fit tout pour rendre sa reine heureuse. Et comme la reine était heureuse, elle ne pensait jamais à se faire les dents sur du cuir.

Suite demain soir...