Le petit monde d'Alice

mercredi 30 septembre 2020

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"Pour moi, pour elle, c’était davantage qu’un plaisir, mais comment décrire les préludes flous de sentiments qui n’osaient pas encore se hausser du col. Entre une amitié au bord de la tendresse et l’amour enluminé d’une majuscule comme sur les manuscrits du Moyen Âge, il manque un chapelet de mots de coloriste ou d’herboriste qui sauraient peindre l’aube embrumée d’émois à l’état de pressentiments, légers et versatiles jusqu’à l’évanescence. Les miroitements du soleil sur le fleuve levaient en moi une houle d’attendrissements auxquels s’associait l’image d’Hélène, comme par inadvertance. Décidément, cette femme me plaisait. 
[...] 
En moi, le mot amour était comme un joyau dans son coffret, un Graal au cœur d’une forêt d’émois qui recomposaient en images saintes les yeux, le sourire, le visage, la silhouette d’Hélène. Les sonates de Scarlatti ou de Haydn, les digressions d’Erroll Garner ou de Nat King Cole que j’écoutais dans ma voiture et qui m’avaient décrit des mondes charmants mais indéfinis et fantomatiques, voilà qu’elles conviaient Hélène dans leur féerie ; l’impossédée de mes chimères accédait à l’existence, c’était miraculeux." 
(Denis Tillinac, Retiens ma nuit)

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