Quand une femme est la douceur et le trouble, l’amusement et la gravité, la nouveauté et la mémoire, le voyage et la demeure, quand, du plus loin elle s’approche, une vague monte en vous, survolée d’oiseaux muets, quand le grain du moindre endroit de sa peau se lit comme un chant grand ouvert au-dessus d’un piano, quand ses yeux se plissent, n’osant pas tout à fait sourire, quand ses cheveux d’un seul mouvement balaient les jours et les jours passés à l’attendre, quand aux cotés de son cou quatre jugulaires battent une mesure effrénée, quand la nuit et l’ennui et le froid tombent à l’instant sur le reste de la Terre, quand à l’oreille déjà résonne le petit mot futur du bonheur, viens, quel homme digne de son nom refuse ce miracle et choisit de fuir en invoquant l’inconfort d’aimer.
(Erik Orsenna, Longtemps)
0 commentaire
Enregistrer un commentaire