Je veux croire qu'un jour,
bien avant la fin du XXIe siècle et malgré tant d'obstacles, de précipices
vertigineux et de caricatures, l'hyperempire aura pris assez d'ampleur pour
faire percevoir l'unité du monde sans être parvenu à détruire l'identité
humaine. Je veux aussi espérer que l’hyperviolence menacera assez fortement
l’humanité pour lui faire prendre conmcience de la nécessité de changer
radicalement d’attitude à l’égard d’elle-même. Je suis encore convaincu que les
transhumains seront alors assez nombreux, et assez organisés, pour contenir la première vague de
l'avenir et pour détruire la seconde.
Je veux également croire que
les dictatures caricaturant l'hyperdémocratie dureront moins longtemps que celles
qui ont caricaturé le socialisme. Je veux croire encore que les religions
trouveront une façon de se tolérer et de s’enrichir les unes les autres.
Je veux croire enfin que
l’horreur de l’avenir prédit ici contribuera à le rendre impossible.
Si tel est le cas, se
dessinera, au-delà d'immenses désordres, la promesse d’une Terre hospitalière
pour tous les voyageurs de la vie.
D’ici là, auront eu lieu bien
des événements, pires et meilleurs que ceux imaginés ici. La beauté aura su héberger et protéger les ultimes étincelles
d'humanité. On aura écrit et façonné des chefs-d'oeuvre ; on aura découvert des
concepts ; on aura composé des chansons. Surtout, on aura aimé. Et on aimera
encore.
(Jacques Attali, Une brève histoire de l’avenir)
Christiane Erard, Petit tissage d'humanité |
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