Ma grand-mère, à plus de 90 ans, était assise au bord de son lit.
Elle ne bougeait pas, seulement assise, la tête vers le bas,
Fixant ses mains.
Quand je me suis assise auprès d’elle, aucune réaction …
Je ne voulais pas la déranger ;
Mais après un long moment de silence,
Je me suis informée si elle était bien.
Elle leva la tête et me sourit.
« Oui je suis bien, merci de t’en informer »
Dit-elle de sa voix douce et claire.
« Je ne voulais pas te déranger, Mamie,
Mais tu étais assise là, fixant tes mains ;
A quoi pensais-tu ? »
« As-tu déjà regardé tes mains ? » me demanda-t-elle.
« Je veux dire : as-tu vraiment regardé tes mains ? »
J’ai alors lentement ouvert mes mains
Et les fixai.
Les retournai, m’en frottai les paumes.
« Non, je pense que je n’ai pas vraiment regardé mes mains » lui dis-je,
En me demandant
Ce qu’elle voulait vraiment dire.
« Mes mains, maintenant ridées, desséchées et affaiblies,
Ont été les outils toujours utilisés pour étreindre la vie.
Enfant, elles m’ont permis de m’agripper et d'éviter de tomber
Quand, d’abord je trottinais, puis courais, sautais, jouais ...
Elles ont été de fidèles compagnes dans mes apprentissages :
Pour attacher mes souliers, me coiffer, me laver
Et tant d’autres choses …
A faire toute seule, comme une grande !
Elles ont été belles, douces et soignées.
Mais aussi collantes et humides, sèches et abîmées.
Elles ont été habiles et efficaces,
Souvent, chaleureuses et réconfortantes
Mais aussi parfois, froides et maladroites
Dans certaines circonstances …
Elles ont été la preuve de mon amour, ma tendresse …
Ornées de mon alliance,
Elles ont montré au monde que j’aimais quelqu’un.
Elles ont écrit mes lettres à ton grand-père,
Et ont tremblé pour lui.
Elles ont caressé et éduqué ta maman et ses frères et sœurs …
Elles vous ont accueillis ensuite, vous mes petits-enfants …
Elles ont accompagné tant de sourires,
Mais aussi essuyé tant de larmes.
Elles ont consolé et réconforté
Mais aussi tremblé de rage quand je ne comprenais pas.
Elles ont témoigné mon affection, mon amitié …
Elles ont participé à toutes mes rencontres :
Tous ces gens que j’ai croisés
Tout au long de ma vie …
Aujourd’hui, alors que rien ne marche
Vraiment plus comme avant pour moi,
Ces mains continuent à me soutenir :
Elles couvrent mon visage quand je pense au passé ...
Et je les joins encore quand je réfléchis …
Ces mains portent la marque de tout ce que j’ai fait
Dans ma longue vie.
Ce sont ces mêmes mains qui ont été témoins
De mes états d’âme, de mes bonheurs et malheurs … »
Pensive, je regardais ses mains
Puis les miennes.
Je ne les verrai jamais plus
De la même façon !
C’est sûr, désormais,
J’y ferai plus attention …
Et j’observerai mieux celles des autres …
C’est tellement riche d’émotions,
Des mains !
Quand je me blesse les mains,
Quand elles sont sensibles,
Ou quand je caresse le visage
De mes enfants ou de mon conjoint,
Je pense à ma grand-mère
Ainsi qu’à ma mère.
Et je me dis que j’ai sûrement
Un peu d’elles, de leur force et douceur
Dans mes mains …
Et que c’est un beau cadeau
Qui s’offre de génération en génération …
Je n’y avais jamais pensé ! …
Quand je rencontre quelqu’un,
Je fais en sorte que ma poignée de mains
Soit vraiment chaleureuse …
A la fois douce et ferme …
Une belle poignée de mains
Pour lui transmettre
Cette belle énergie de la Vie !
(Auteur inconnu)
C’est beau une main tendue vers…
RépondreSupprimerNon pour prendre… juste donner
Une main caresse sur un front fatigué
Une main fraîcheur sur un coeur brûlé
Une main douceur sur un corps brisé
C’est chaud une main ouverte
Aux armes qui s’y déposent
Aux larmes qui s’y reposent
Aux cris qui s’y posent
C’est cadeau
Une main offerte ! On n’est jamais heureux
que dans le bonheur qu’on donne.
Donner c’est recevoir. Abbé Pierre
Très très beau !
RépondreSupprimerMerci Alice, moi non plus je ne regarderai plus mes mains de la même façon..
Même une main ridée est belle, elle est le reflet de notre vie. " On a besoin de ses mains pour dire les choses que la parole ne traduit pas " Douce nuit Alice.
RépondreSupprimermerci pour ce texte à la gloire des grands-mères trop souvent délaissées et oubliées
RépondreSupprimerLes mains d'Elsa Donne-moi tes mains pour l'inquiétude
RépondreSupprimerDonne-moi tes mains dont j'ai tant rêvé
Dont j'ai tant rêvé dans ma solitude
Donne-moi te mains que je sois sauvé Lorsque je les prends à mon pauvre piège
De paume et de peur de hâte et d'émoi
Lorsque je les prends comme une eau de neige
Qui fond de partout dans mes main à moi Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Ce qui me bouleverse et qui m'envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j'ai trahi quand j'ai tresailli Ce que dit ainsi le profond langage
Ce parler muet de sens animaux
Sans bouche et sans yeux miroir sans image
Ce frémir d'aimer qui n'a pas de mots Sauras-tu jamais ce que les doigts pensent
D'une proie entre eux un instant tenue
Sauras-tu jamais ce que leur silence
Un éclair aura connu d'inconnu Donne-moi tes mains que mon coeur s'y forme
S'y taise le monde au moins un moment
Donne-moi tes mains que mon âme y dorme
Que mon âme y dorme éternellement. Louis Aragon
Elsa Triolet
RépondreSupprimerMerci Amande ! Tu me fournis un article "prêt à publier" !
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