Le culte du moi me laisse sans voix
Aucune époque n'a été aussi narcissique que la nôtre. On se souvient qu'Andy Warhol avait parlé du quart d'heure de célébrité de chacun, mais aurait-il pu prévoir ce qui se passe aujourd'hui ?
Certes, on ne peut pas parler de célébrité au sens propre, même si certains accèdent à une forme de notoriété en faisant des vidéos vues par des milliers de personnes, mais de plus en plus de gens mettent en scène leur propre vie sur Internet. C'est comme si tout le monde voulait crier : " J'existe ! "
Les psychanalystes n'ont qu'à aller sur la page Facebook de leur patient, ils gagneront du temps. Tout y est ! On est dans le culte du moi. Nous devenons les dictateurs de notre propre royaume. On peut montrer ses photos, sa vie, ses enfants ; ou encore : exposer ses goûts et ses dégoûts ; ou encore : donner son point de vue sur le moindre événement. On commence à avoir l'impression que les gens vivent leur vie uniquement pour la transformer en commentaires sur les réseaux sociaux. Il y a dix ans naissait la télé-réalité, et des inconnus devenaient vedettes. Mais maintenant, nous sommes dans une nouvelle ère : les stars ... c'est nous ! Si ça continue, ça va devenir une tare d'être anonyme .. et alors il faudra se soigner en allant aux Anonymes anonymes !
Je suis loin de critiquer les pages de chacun et c'est assez beau de partager ce que l'on vit, mais on frise parfois l'étalage. Et surtout : est-ce toujours intéressant ? Et plus ça va, plus ça s'aggrave. On "twitte" ! Pour aller encore plus vite. On a à peine fini de vivre l'événement qu'il faut le partager. D'où vient ce goût immodéré de la transmission du présent ?
L’immédiateté devient le cœur de nos échanges. Il n’y a plus de distance : on raconte les choses en même temps qu’on les vit. Un peu comme si mes lecteurs pouvaient lire mes romans pendant que je les écris. Ce manque de recul provoque forcément parfois la futilité. Il n’est plus rare de partager … du rien ! Dans ces conditions cela devient difficile d’établir une hiérarchie dans les événements. Un baiser est-il plus important qu’un tsunami ? Une bataille de polochons mérite-t-elle autant que la guerre en Afghanistan ? On se perd un peu en ce moment.
Le monde devient une cacophonie d'opinions. Nous progressons vers l'overdose de l'exhibition. Mais ça ne durera pas, on change sans cesse de manière de communiquer. Je suis à peu près certain que la prochaine tendance sera de ne plus rien dire. Le summum du chic sera de ne plus rien commenter, de ne pas faire connaître son opinion. C’est forcément la prochaine étape ; le retour au mystère. Chut, chut, je ne suis pas là ...
(Chronique de David Foenkinos, Psychologies Magazine)
excellent article de foenkinos j'adhere a son constat et son analyse
RépondreSupprimerJe suis plus pour le COMPRENDRE ... et peut être ... éventuellment aider ... que "critiquer" ...
RépondreSupprimerJ'adhère à 100% à cette analyse ! et je me sens TRES concernée : j'ai un blog, un compte FB... cet article va peut être m'aider "à décrocher" un peu de cette spirale infernale, où finalement on ne s'y retrouve plus !
RépondreSupprimerMerci Alice pour le partage.
Bonne journée.
je pratique " L'égoïsme intelligent" et je me sens bien avec moi et avec les autres
RépondreSupprimerWaouh ! Bravo Kri !
RépondreSupprimeralors je dis: rien
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