Inspiré par cette image, Nivins nous offre ce conte :
Carole la Corolle et le Rêve d'Écume
Carole n'était pas une corolle comme les autres. Alors que ses sœurs, toutes aussi jolies les unes que les autres, se pavanait dans des teintes vives, rouges rubis, jaunes d'or, roses fuchsias, Carole portait une robe d'un orange éclatant, presque trop voyant pour elle qui était d'une nature timide.
Chaque matin, au lever du soleil sur le Jardin des Songes, elle se mirait dans une goutte de rosée et soupirait. Son grand rêve, celui qui faisait vibrer son cœur au rythme des bourdons, était d'avoir une robe... blanche. Une robe d'écume, de nuage, de lumière de lune. Elle imaginait la douceur d'une couleur sans artifice, la pureté d'une tenue qui ne crierait pas sa présence, mais la murmurerait.
Ses amies les corolles se moquaient gentiment. « Mais enfin, Carole ! s'exclamait Pâquerette la rouge, le blanc, c'est pour les pâles primevères ! Nous sommes les flammes du jardin ! »
« Le blanc, c'est fade ! » renchérissait Rose la jaune. « Tu te fondrais dans la brume du matin. Quelle tristesse ! »
Carole les écoutait, son cœur serré. Elle savait qu'elles disaient cela par affection, mais elles ne comprenaient pas. Elle ne voulait pas se fondre ; elle voulait, au contraire, se révéler. Elle sentait qu'en elle dormait une nuance plus douce, plus calme, que l'orange vif masquait.
Un soir de grande pluie, alors que les pétales des fleurs se recroquevillaient sous l'averse, Carole fit une rencontre inattendue. Une petite Fée des Nuages, mouillée et grelottante, s'était réfugiée sous son pétale le plus large.
« Oh, merci, gentille corolle orange, » murmura la fée d'une voix cristalline. « Tu m'as sauvé d'un orage terrible. Comment puis-je te remercier ? »
Carole hésita. Demander une robe blanche ? C'était si vain... Mais la fée était sincère. Alors, timidement, elle expliqua son rêve, décrivant la robe idéale avec la même ferveur qu'un poète décrit l'amour.
La Fée des Nuages sourit. « Ton rêve est beau, douce corolle. Mais tu sais, la magie n'est pas de changer l'extérieur ; c'est d'aider l'intérieur à s'exprimer. »
Elle sortit de sa petite sacoche un flacon minuscule. Il contenait une seule goutte, brillante comme une perle.
« Bois ceci, » dit la fée. « Ce n'est pas un sort, c'est une révélation. »
Carole, curieuse et pleine d'espoir, but la goutte. Elle n'eut pas le temps de sentir un quelconque goût que la fée disparut, emportée par un rayon de soleil.
Le lendemain matin, Carole se réveilla avec une sensation étrange. Elle se pencha vers sa goutte de rosée pour se regarder.
Elle n'était plus orange.
Ses pétales n'étaient pas devenus d'un blanc pur et immaculé comme elle l'avait rêvé. Ils étaient d'un blanc-crème délicat, ourlé de reflets d'ivoire. Ce n'était pas l'éclat froid de la neige, mais la douceur d'un lait chaud. Et surtout, sous cette nouvelle teinte, elle voyait de légères veinules d'un orange très pâle, presque rose.
C'était elle, enfin. L'orange ne l'avait pas quittée ; il s'était adouci, fondu dans la pureté qu'elle désirait. Sa timidité s'était envolée, car elle se sentait en accord avec la robe de son cœur.
Pâquerette et Rose accoururent, les bouches bées.
« Carole ! Mais... mais c'est magnifique ! » s'exclama Rose.
« On dirait de la porcelaine ! » souffla Pâquerette. « Tu es si... élégante ! »
Carole sourit, pour la première fois un sourire sans aucune retenue. Elle comprit la parole de la fée. Elle n'avait pas reçu une robe blanche de rechange. Elle avait reçu la révélation de sa propre beauté.
Elle n'était pas une corolle orange qui rêvait de blanc. Elle était Carole, la corolle à la robe d'ivoire, celle qui portait en elle la chaleur du soleil et la douceur des nuages. Elle avait trouvé son équilibre, et dans le Jardin des Songes, la nuance de sa robe devint le plus beau des spectacles...
Merci Nivins !

Carole la Corolle et le Rêve d'Écume
RépondreSupprimerCarole n'était pas une corolle comme les autres. Alors que ses sœurs, toutes aussi jolies les unes que les autres, se pavanait dans des teintes vives, rouges rubis, jaunes d'or, roses fuchsias, Carole portait une robe d'un orange éclatant, presque trop voyant pour elle qui était d'une nature timide.
Chaque matin, au lever du soleil sur le Jardin des Songes, elle se mirait dans une goutte de rosée et soupirait. Son grand rêve, celui qui faisait vibrer son cœur au rythme des bourdons, était d'avoir une robe... blanche. Une robe d'écume, de nuage, de lumière de lune. Elle imaginait la douceur d'une couleur sans artifice, la pureté d'une tenue qui ne crierait pas sa présence, mais la murmurerait.
Ses amies les corolles se moquaient gentiment. « Mais enfin, Carole ! s'exclamait Pâquerette la rouge, le blanc, c'est pour les pâles primevères ! Nous sommes les flammes du jardin ! »
« Le blanc, c'est fade ! » renchérissait Rose la jaune. « Tu te fondrais dans la brume du matin. Quelle tristesse ! »
Carole les écoutait, son cœur serré. Elle savait qu'elles disaient cela par affection, mais elles ne comprenaient pas. Elle ne voulait pas se fondre ; elle voulait, au contraire, se révéler. Elle sentait qu'en elle dormait une nuance plus douce, plus calme, que l'orange vif masquait.
Un soir de grande pluie, alors que les pétales des fleurs se recroquevillaient sous l'averse, Carole fit une rencontre inattendue. Une petite Fée des Nuages, mouillée et grelottante, s'était réfugiée sous son pétale le plus large.
« Oh, merci, gentille corolle orange, » murmura la fée d'une voix cristalline. « Tu m'as sauvé d'un orage terrible. Comment puis-je te remercier ? »
Carole hésita. Demander une robe blanche ? C'était si vain... Mais la fée était sincère. Alors, timidement, elle expliqua son rêve, décrivant la robe idéale avec la même ferveur qu'un poète décrit l'amour.
La Fée des Nuages sourit. « Ton rêve est beau, douce corolle. Mais tu sais, la magie n'est pas de changer l'extérieur ; c'est d'aider l'intérieur à s'exprimer. »
Elle sortit de sa petite sacoche un flacon minuscule. Il contenait une seule goutte, brillante comme une perle.
« Bois ceci, » dit la fée. « Ce n'est pas un sort, c'est une révélation. »
Carole, curieuse et pleine d'espoir, but la goutte. Elle n'eut pas le temps de sentir un quelconque goût que la fée disparut, emportée par un rayon de soleil.
Le lendemain matin, Carole se réveilla avec une sensation étrange. Elle se pencha vers sa goutte de rosée pour se regarder.
Elle n'était plus orange.
Ses pétales n'étaient pas devenus d'un blanc pur et immaculé comme elle l'avait rêvé. Ils étaient d'un blanc-crème délicat, ourlé de reflets d'ivoire. Ce n'était pas l'éclat froid de la neige, mais la douceur d'un lait chaud. Et surtout, sous cette nouvelle teinte, elle voyait de légères veinules d'un orange très pâle, presque rose.
C'était elle, enfin. L'orange ne l'avait pas quittée ; il s'était adouci, fondu dans la pureté qu'elle désirait. Sa timidité s'était envolée, car elle se sentait en accord avec la robe de son cœur.
Pâquerette et Rose accoururent, les bouches bées.
« Carole ! Mais... mais c'est magnifique ! » s'exclama Rose.
« On dirait de la porcelaine ! » souffla Pâquerette. « Tu es si... élégante ! »
Carole sourit, pour la première fois un sourire sans aucune retenue. Elle comprit la parole de la fée. Elle n'avait pas reçu une robe blanche de rechange. Elle avait reçu la révélation de sa propre beauté.
Elle n'était pas une corolle orange qui rêvait de blanc. Elle était Carole, la corolle à la robe d'ivoire, celle qui portait en elle la chaleur du soleil et la douceur des nuages. Elle avait trouvé son équilibre, et dans le Jardin des Songes, la nuance de sa robe devint le plus beau des spectacles... ;-)
https://youtu.be/1xfT_LPHaoo?si=Glh9d0C4_U0V31kg
Merci pour le joli conte et la vidéo féerique, les deux sont à bloguer ! :-))
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