Le petit monde d'Alice

mardi 23 février 2016

Publié par Alice - 2 commentaires

,


L’adorable beagle philosophe, compagnon de Charlie Brown, est né en 1950 de l'imagination de Charles Schulz. Tout en charme et en gentillesse, il incarne un composite de l’homme moderne : raisonneur et rêveur, curieux et hédoniste, amical et retors, mégalo et paresseux, extraverti et méditatif. Mais ce qui nous séduit autant, c’est son goût de l’introspection qu’il pratique comme une seconde nature.
Décryptage avec le psychanalyste Jean-Pierre Winter.


Un petit stoïcien
Snoopy affiche une indolence propre à l’école stoïcienne, cette philosophie qui consiste à exister en donnant le change.
Sa célèbre posture l’illustre bien : tandis qu’il dort sur l’angle du toit de sa niche, situation de déséquilibre extrême, il semble confortablement installé. On croit qu’il ne pense à rien, alors qu’il passe son temps à tout observer et commenter, et à en tirer des sentences (qu’il conclut avec une subjectivité qui les rend géniales). CQFD : si on veut avoir un poste d’observation, être dans la relation au monde, on ne s’enferme pas dans sa niche !



Il cherche à s’évader de sa nature de chien
On peut facilement projeter le chien en tant qu’animal « d’homme-estique », comme disait Lacan, des comportements humains. En général, on les réduit à quelques traits. Ce n’est pas le cas de Snoopy. Ce à quoi il s’identifie chez l’homme, c’est la pensée. Cela l’entraîne dans des méandres de questions, de doutes, de trouvailles… Il est complexe et libre de l’être ! Si l’homme est un sujet divisé (entre désirs conscients et inconscients) qui se persuade qu’il est cohérent et unifié, Snoopy, lui, semble naviguer naturellement entre conscient et inconscient. Et s’il se rêve au-delà de sa condition (espion, héros…), il n’est pas dupe. En témoigne cet épisode : alors qu’il s’apprête à plonger dans la piscine, Lucy le stoppe d’un humiliant : « Interdit aux chiens ! » Il s’éloigne, vexé, puis se ravise : « Tu ne disais pas ça pour moi, hein ! » et se jette à l’eau !


Il rêve de folles aventures et de délicieuses pizzas
Il se rêve héroïque mais sa réalité c’est son petit jardin et sa niche. Sagace et imaginatif, il s’organise : en s’évadant dans ses rêves, en régnant habilement sur ses proches, avec une gentillesse et une fidélité irrésistibles. Ainsi son « maître » Charlie et son frêle ami Woodstock sont ses obligés. Parfois, il s’ennuie et déprime. Comme à ce Nouvel An : il est dehors, abattu, constatant qu’il est toujours le même, que rien ne change, année après année, jour après jour. Et conclut : « Parfois ma cohérence m’émerveille ! » Alors que sa vie de chien nous serrait le coeur, c’est lui qui nous libère de l’angoisse de sa condition (et de la nôtre !) par sa créativité et son humour face à l’adversité. Et on est rassuré quand il est au comble du bonheur : blotti contre Charlie, devant la télé, une pizza à la patte. « Le bonheur, c’est une part de pizza… »


C’est le moins névrosé de la bande des Peanuts
Charlie Brown colle à sa dépression ; Linus à son doudou ; Lucy au discours du maître (elle se prend pour une psy). Chacun échoue à passer les caps. Enfermés dans leur personnage, ils jouent le comique de répétition et sont le point d’appui, d’où Snoopy réfléchit, évolue, gagne en sagesse et en intelligence.


Il comprend tous les langages
Ceux qui aiment leur chien disent qu’il ne lui manque que la parole. Snoopy non plus ne parle pas. Mais, là encore, il donne le change au lecteur : on le voit incroyablement bavard. C’est un être de langage, un écrivain (« Je le hais quand il a des idées au milieu de la nuit » déclare Charlie Brown réveillé par Snoopy tapant son manuscrit à ses côtés). Et en pleine discussion avec Woodstock (incompréhensible pour nous, représentée par des barres accentuées), il conclut tout de même : « C’est une langue difficile ! » Aujourd’hui, les avancées de la science confirment l’intuition de Schulz : les animaux nous comprennent mieux que nous ne les comprenons.

(Source : Femme Actuelle N° 1629)


2 commentaires :

  1. ❤LICE

    "Ne laisse pas le monde changer ton sourire, mais laisse ton sourire changer le monde."

    ;-)

    https://www.youtube.com/watch?v=7o2eDzobS3s

    J'❤mes

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Eh bien, ce fou rire dans le métro m'a d'abord étonnée (comment le type au début fait-il pour rire ainsi "sur commande" aussi longtemps ? Les gens n'ont pas enchaîné tout de suite...) et puis, j'ai bien ri ! De bon coeur, tout simplement.
      Vidéo à publier, bien sûr ! Merci James ! ;-)

      Supprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

Recherche :

Fourni par Blogger.