Le petit monde d'Alice

jeudi 13 juin 2013

Publié par Alice - 2 commentaires

Naviguer fait plaisir : naviguer fait peur, naviguer fait mal, fait froid, faim, sommeil, etc. Naviguer est un plaisir extrême, étrange, indicible au commun des mortels agglutinés sur la plage. Naviguer implique l’animal humain dans une osmose avec la nature qui peut lui coûter la vie. Au large on est en plein ciel, on fait partie du décor tournant des astres, on a physiquement la sensation d’être au monde, à bord d’une étoile neuve à sa première aube, à son premier soleil – levant, couchant. A cette échelle on est loin des pensées mesquines, confronté à son moi le plus nu qui marmonne assurément : je suis, je rêve donc je suis. Au large on est lié corps et âme à cet oiseau phénoménal qu’on appelle un voilier, tombe ou trésor. Au large on a la mer pour compagne, on vit dans sa plus stricte intimité. Elle est fureur, terreur, elle n’est pas moins refuge et berceuse après les attaques du vent. Elle est sans limite, inépuisable, mais lorsqu’on n’y croit plus elle arrive à bon port. Elle est voyage à travers l’horizon, voyage à travers soi-même. On n’en revient pas sans connaître un peu mieux l’homme, celui que l’on devient à chaque instant. La mer est belle, d’une beauté au-delà des mots. Décidément la mer est un plaisir impossible à divulguer. (Yann Queffelec)

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2 commentaires :

  1. Charles Baudelaire L'Homme et la Mer    Homme libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.   Tu te plais à plonger au sein de ton image; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.   Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets: Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes; O mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!   Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remords, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs éternels, ô frères implacables!

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  2. Merci de nous faire relire ce magnifique poème ...

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