Le petit monde d'Alice

dimanche 25 novembre 2012

Publié par Alice - 5 commentaires

 

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Tu me regardes.

Jusqu'ici, tu me voyais. J'étais un élément, une présence parmi d'autres du décor de ta vie.

 

Mais voilà que tes yeux se posent sur les miens autrement.

 

Ce matin, surprise : tu me regardes. Cette fois tes yeux me considèrent. Ils me semblent mesurer le poids de mes propres yeux, posés sur les tiens, avec la même application, la même persistance.

 

Il ne s'agit pas encore, sans doute, d'un véritable échange, plutôt d'une disposition commune et simultanée. Une coïncidence. Nous partageons ce mouvement du corps qu'on appelle regard, unies dans la contemplation de l'autre, et c'est la première fois.

 

Je suis seule à savoir que je suis ta grand-mère et toi ma petite-fille. D'en être sûre m'emplit d'un ravissement que tu ne mesures pas encore.

 

Envie pressante de t'y associer au plus tôt.

 

Nous avons chacune notre place.

 

Je me dis : Je suis la mère de ton père et toi l'enfant de l'enfant, mais toi et moi ignorons encore comment nous l'occuperons, cette place, jusqu'à quel degré de connivence et d'invention. Car il nous faudra l'inventer, comme des milliards et des milliards d'humains qui avant nous l'ont vécue, la vivent, la vivront, cette posture universelle et cependant unique de notre relation. Faire de ce lien quelque chose de différent. S'employer à le rendre singulier. Je souris à cette idée. Joie contenue. Et toujours sur mes yeux tes yeux arrêtés, grands ouverts, comme s'ils suivaient secrètement ma pensée, mais en réalité, bien sûr, occupés ailleurs.

 

Ailleurs ... Où donc ? A quoi ?

 

Envie pressante d'y être associée, au plus tôt, à cet ailleurs.

 

Allons. Surtout pas d'impatience. Prendre le temps, au contraire. Non. Ne pas le « prendre », justement. Le laisser libre, le temps. Je me dis : Ne le bouscule pas à vouloir le hâter ou le ralentir. Laisse-le te porter.

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5 commentaires :

  1. Allons. Surtout pas d'impatience. Prendre le temps, au contraire. Non. Ne pas le « prendre », justement. Le laisser libre, le temps. Je me dis : Ne le bouscule pas à vouloir le hâter ou le ralentir. Laisse-le te porter. Circonstances différentes ... même expèrience !!!

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  2. J'ai lu Au pays des vermeilles quand c'est sorti, mais globalement ,je n'ai pas appris grand chose, un peu déçue..Mai sj'ai aimé ô combien La danse des grands-mères de C.Pinkola Estes!

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  3. J'ai lu avec beaucoup de plaisir "Au pays des merveilles". Maintenant je projette de lire "Grand-parents à vous de jouer" de Marcel Rufo.

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  4. C'est très joliment dit, j'aime.

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  5. C'est tout une maturation pour que le voile se lève !!!!

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