Le petit monde d'Alice

vendredi 16 août 2019

Publié par Alice - 0 commentaire

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Il était temps ! Poussée par le vent du locavorisme, avec pour gouvernail l’antigaspi, la cuisine change de cap et nous invite à de nouveaux voyages. Une bonne et juste croisade. Marre de manger des escargots turcs de Bourgogne, du jambon chinois d’Aoste, de l’andouille coréenne bretonne. On a tous envie de retrouver la joyeuse impatience des saisons, les vraies saveurs, le goût des terroirs. Ceux de France et du monde. La world food, en tout lieu et à tout moment, l'agro-industriel sans âme et sans saveur, saturé de pesticides et boosté aux additifs, font de moins en moins recette dans nos assiettes.On veut du poussé sur place, sainement, sereinement. Bref, une gastronomie ancrée dans son biotope. Et c'est top ! Loin d'être un retour en arrière, ce retour au local est un retour au bon sens. Signe qui ne trompe pas, dans la foulée d'un Alain Passard, de plus en plus de chefs cultivent aujourd'hui leur propre potager. Le respect du bien-être animal est aussi en train de gagner les consciences. Sans compter que consommer moins de viande est une urgence. Pour la terre, qui n'en peut plus, notre santé qui n'en demande pas tant. Et parce qu'éthiquement, ce n'est plus tenable. L'élevage intensif et la souffrance animale, basta. Mais la bonne nouvelle, c'est que les choses bougent car, comme le dit Alain Ducasse, manger est un acte citoyen. Et ça commence par chaque tomate, chaque botte de radis, que nous décidons de mettre dans notre panier. C'est l'effet colibri. En achetant local, de saison, bio et écoresponsable, nous sommes tous acteurs de cette révolution. En retrouvant aussi des plaisirs oubliés. Comme de faire des bocaux avec nos fruits et légumes d'été pour l'hiver. Et en renouant avec l'art de la récup' de nos grands-mères. Là encore, on (re)découvre qu'une tisane aux fanes de carottes, une friture d'épluchures de courgettes, c'est délicieux. Même les étoilés s'y mettent, preuve que cuisine engagée ne rime en rien avec cuisine punitive. Et prendre le temps de humer un brin de ciboulette cueilli minute, de mitonner des produits cultivés avec amour pour le plaisir de ceux qui nous entourent, quelle plus formidable façon de donner du bonheur en partage ? Et de nous réapproprier nos vies ? (Angèle Ferreux-Maeght, Edito Madame Figaro Spécial Cuisine, 9 août 2019)


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