Le petit monde d'Alice

dimanche 29 avril 2018

Publié par Alice - 0 commentaire

Tout à coup, Nadir se demanda ce qu’était devenue la précieuse poudre dans ce bouleversement ! Il courut dans sa chambre, retrouva le sachet sur le rebord de la fenêtre et le saisit vivement pour le remettre dans son vase. Puis il se coucha n’ayant plus même la force de penser !
Que faire, mais que faire pour être heureux ? se demandait-il. Cette poudre peut faire des miracles sans doute mais lui, pauvre sot, s’en servait de façon stupide. Dans son profond sommeil, il vit une large étendue désertique, tour à tour blanche et rouge, sur laquelle marchait un chamelier qui tirait un vieux chameau. 


Assis sur une dune, Nadir le regardait approcher et, lorsque le vieil homme fut près de lui, il lui dit :
« Vieil homme, toi qui sais tant de choses, peux-tu me dire ce qu’il faut faire pour être heureux ? »
Le vieillard regarda longuement et douloureusement le jeune garçon.
« Pour moi, mon pauvre petit, mon Paradis, ce serait une fraîche oasis avec un peu d’eau et un endroit où poser mes vieux os. Mais cela ne peut m’arriver, et je le sais, hélas ! Mon désert à moi n’a pas de fin, aussi, tu vois, je continue à marcher, espérant qu’Allah m’aidera. »
Et, continuant sa route, il s’éloigna et disparut dans l’étendue désolée. Nadir se mit alors à courir derrière lui en criant :
« Arrête, arrête vieil homme, je peux te rendre heureux, moi ! »
Il se réveilla en sursaut. Dehors il faisait nuit et la lune brillait dans le ciel redevenu serein. Nadir, couvert de sueur, se leva, ouvrit le vase, prit la poudre et en mit un peu sur sa langue en se disant : « Je voudrais retrouver le vieil homme », et il ajouta « Mutabor ».
O merveille ! Il n’avait pas plutôt prononcé le mot miraculeux qu’il eut la sensation de se trouver sur un nuage et, peu après, il aperçut l’étendue blanche et calcinée de son rêve. Une fois sur la dune, il vit, venant de l’ouest, les étranges silhouettes du vieil homme et de son chameau qui avançaient lentement, très lentement. Lorsqu’ils arrivèrent près de lui, le jeune garçon dit :
« Vieil homme, crois-tu au bonheur ? »
Et le vieux lui répondit exactement comme il l’avait fait dans son rêve. Alors Nadir lui dit avec un beau sourire :
« Si tu veux, je peux te rendre heureux.
-       Vraiment  », dit le vieil homme s’arrêtant tout surpris.
Et il regarda Nadir, les yeux remplis d’espoir.
« Il y a des années que je marche sans m’arrêter et si tu peux vraiment me transporter dans une belle oasis, je croirai en une justice. Mais qui me prouve que tu as ce pouvoir ? »
Nadir prit alors le sachet qu’il tenait bien serré dans sa main droite et l’ouvrit. Il ne contenait plus qu’une toute petite pincée de poudre, la dernière, mais cette pincée brillait comme un beau coucher de soleil.
Le petit hésita une seconde mais le vieil homme le regardait avec une telle anxiété que son regard décida Nadir.
« Tu vas prendre cette poudre, lui dit-il, et tu la mettras sur ta langue. Puis tu penseras à ta belle oasis. Après cela tu diras : « Mutabor ». Voilà, c’est tout. »
Le vieil homme prit donc la poudre, la posa sur sa langue, et réfléchit un instant. Il n’avait pas plutôt prononcé le mot « Mutabor » que le désert où ils se trouvaient se transforma soudain en une belle oasis. 


Un vent frais se mit  souffler à travers les palmiers qui s’inclinaient sur une source fraîche près d’une maison blanche à la porte entrouverte. La joie fit pousser au vieil homme un tel cri que Nadir se sentit comblé. Le vieillard riait, dansait, s’agenouillait pour remercier Allah !
« Je… Je ne savais pas, dit le jeune garçon, que faire plaisir à quelqu’un puisse rendre aussi heureux ! »
Le vieil homme attacha son chameau à un palmier.
« Entre, entre, mon petit ami, reste encore avec moi. Ce soir tu pourras rentrer chez toi. Pour l’instant, nous allons nous restaurer ensemble. »

Suite et fin demain à la même heure... 

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