Il trouve extraordinaire,
même dans l’ordinaire de son existence quotidienne, de sentir le sol sous ses
pieds, et le mouvement de ses poumons qui s’enflent et se contractent à chaque
respiration, de savoir qu’il peut, en posant un pied devant l’autre, marcher de
là où il est à l’endroit où il veut aller. Il trouve extraordinaire que,
certains matins, juste après son réveil, quand il se penche pour lacer ses
chaussures, un flot de bonheur l’envahisse, un bonheur si intense, si
naturellement en harmonie avec l’univers qu’il prend conscience d’être vivant
dans le présent, ce présent qui l’entoure et le pénètre, qui l’envahit soudain,
le submerge de la conscience d’être vivant. Et le bonheur qu’il découvre en lui
à cet instant est extraordinaire. Et qu’il le soit ou non, il trouve ce bonheur
extraordinaire. (Paul Auster, L’Invention de la solitude)
mercredi 3 mai 2017
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