Le petit monde d'Alice

dimanche 9 juillet 2017

Publié par Alice - 4 commentaires

Victoire de Montesquiou

Depuis une dizaine d’années, j’ai la sinistre impression que l’apparence et le conformisme de l’argent sont devenus les références maîtresses de notre société. De fausses images nous sont assénées en modèles : des beautés fabriquées, des carrières retentissantes et malhonnêtes, des génies d’une saison. Seule compte la réussite à tout prix, et peu importent les compromissions. Quel règne illusoire ! Si l’homme n’a pas la chance de participer aux rites de l’apparence dorée, il doute d’exister. Il a le sentiment amer de ne pas être pris au sérieux, de ne compter pour rien. Cette rage du pouvoir et cet art de la « magouille » développent déception, frustration et rancœur chez beaucoup. L’envie et la jalousie, souvent douloureuses, rongent et désespèrent certains de nos semblables et vicient parfois la vie professionnelle où le mérite seul devrait prévaloir. La tentation est grande pour ceux qu’habite une avidité féroce. Sur nos écrans, certains crocodiles aux écailles d’or, imperméables au remords et à la mauvaise conscience, tiennent audience sur toutes les chaînes et fascinent ceux qui oublient d’exister par eux-mêmes. Les femmes aussi se perdent parfois à ces dangereux trompe-l’œil. Elles envient la beauté de toutes celles qui les entourent et veulent ressembler aux déesses de notre époque. Obsédées par leur image physique, elles refusent la vieillesse, et toute idée de transformation. Éperdues d’angoisse, elles confient leur visage et leur corps aux mains de chirurgiens esthétiques, espérant se réveiller jeunes, belles, aimées et riches. Dans leur folie égocentrique, elles ne savent plus qu’elles possèdent une âme et des qualités fabuleuses qu’elles peuvent développer en profondeur, et pendant toute leur vie, pour créer du bonheur et en recevoir.
Fions-nous encore une fois à la sagesse paysanne qui nous conseille de nous réjouir de ce que nous avons reçu à notre naissance, de fuir la médiocrité et d’améliorer notre sort en travaillant avec honnêteté et conscience, sans envier le voisin. L’abondance est en nous. C’est là qu’il faut chercher. Si la philosophie de nos campagnes ne vous suffit pas, relisez le merveilleux Alchimiste de Paulo Coelho. Pour moi, il n’y a qu’une voie, la même que l’on soit croyant ou non : c’est la part de dignité ou d’étincelle divine qu’il y a dans chaque homme. Le nom qu’on lui donne ne change rien à la plus précieuse des choses.
(Victoire de Montesquiou, L’art de vivre au fil des jours)

4 commentaires :

  1. Quelle leçon de vie !!!

    Et parfaite synchronicité avec là où j'en suis rendue dans ma vie intérieure... ET extérieure :-)

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