Le petit monde d'Alice

lundi 19 octobre 2015

Publié par Alice - 8 commentaires


A peine fus-je éveillé, qu'il vint un marchand d'appétit, me demandant de quoi je voulais avoir faim, et si je voulais qu'il me vendît des relais d'estomac, pour avoir faim toute la journée. J'acceptai la condition. Pour mon argent, il me donna douze sachets de taffetas que je mis sur moi, et qui devaient me servir comme douze estomacs, pour digérer sans peine douze grands repas en un jour. 

A peine eus-je pris les douze sachets, que je commençais à mourir de faim. Je passai ma journée à faire douze festins délicieux. Dès qu'un repas était fini, la faim me reprenait et je ne lui donnais pas le temps de me presser, Mais, comme j'avais une faim avide, on remarqua que je ne mangeais pas proprement : les gens du pays sont d'une délicatesse et d'une propreté exquises. Le soir, je fus lassé d'avoir passé toute la journée à table comme un cheval à son râtelier. 

Je pris la résolution de faire tout le contraire le lendemain, et de ne me nourrir que de bonnes odeurs. On me donna à déjeuner de la fleur d'orange. A dîner, ce fut une nourriture plus forte : on me servit des tubéreuses et puis des peaux d'Espagne. Je n'eus que des jonquilles à collation. Le soir, on me donna à souper de grandes corbeilles pleines de toutes les fleurs odoriférantes, et on y ajouta des cassolettes de toutes les sortes de parfums. La nuit, j'eus une indigestion pour avoir trop senti tant d'odeurs nourrissantes. 

Le jour suivant, je jeûnai, pour me délasser de la fatigue des plaisirs de la table. On me dit qu'il y avait en ce pays-là une ville toute singulière, et on me promit de m'y mener par une voiture qui m'était inconnue. On me mit dans une petite chaise de bois fort léger, et toute garnie de grandes plumes, et on attacha à cette chaise, avec des cordes de sole, quatre oiseaux grands comme des autruches, qui avaient des ailes proportionnées à leur corps. Ces oiseaux prirent d'abord leur vol. Je conduisis les rênes du côté de l'orient qu'on m'avait marqué. Je voyais à mes pieds les hautes montagnes ; et nous volâmes si rapidement, que je perdais presque haleine en fendant la vague de l'air. 

8 commentaires :

  1. Oh oui, Madame, encore ! :D
    nly

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    1. Alors ma petite Nelly, comme tu le demandes si gentiment, je vais pour toi publier plus souvent des contes... :-)

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  2. voui ? siouplait... mais je me demande si l'on a beaucoup de succès avec une publication un peu longue... il faut lire.... à l'air d'internet et du clip...

    moi aussi, je t'envoie un petit cadeau "mouillé" forcément... https://www.youtube.com/watch?v=UMpdaHuxaKc&list=PL7BF45AD2D04F67D8&index=28

    Elodie Fondacci... forcément...
    nly

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  3. Et puis ma préférée : https://www.youtube.com/watch?v=gsw0p725jjg&index=29&list=PL7BF45AD2D04F67D8

    euh non, je les aime toutes par la voix d'Elodie Fondacci...
    nly

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    1. Superbe ! Merci, je vais la publier un de ces soirs... ;-)
      Je n'ai pas pu m'empêcher de rire en lisant un commentaire sous la vidéo "très beau compte" !!! Bravo Hugo ! lol (Pas bien, Alice, d'être moqueuse...)

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  4. je souris aussi... mais pas trop... Entretien d'embauche quand j'avais env. 25 ans : questionnaire "comment écrivez-vous le compte-conte-comte de Machinville... "Bah, ça n'est pas trop grave madame n-o, personne ne sait l'écrire...." :) la honte, tout de même...
    nly

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    1. Hahaha ! As-tu remarqué comme certains souvenirs "cuisants" (des détails souvent) nous restent en mémoire... ils sont gravés en nous alors qu'on aurait dû les zapper (vu le peu d'importance qu'ils ont) ! ;-)

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