Etonnement, ou jouissance pudique de la femme étreinte ? Jupiter réalise ici sa plus belle métamorphose. Il ne trompe pas Io en proposant à ses sens illusionnés une autre apparence de lui-même : il s’est fait cette fois humble et puissante nuée, presque rien, quasi-évanouissement dans l’atmosphère – il a su prendre la forme même du désir de la femme. Io était venue s’asseoir sur ce rocher, pour rêver, pour sa toilette peut-être, et des soins qu’elle a donnés à son beau corps s’est levée cette rêverie douce et ardente, imprécise, dont va profiter Jupiter. Pas d’enlèvement. Plutôt un ravissement. Ainsi du regardeur qui, passant devant l’œuvre du Corrège, s’y arrête et y voit son propre contentement redoublé dans les yeux de la belle. Car un tableau est une chimère colorée, une nuée sans épaisseur qui saisit voluptueusement notre attention et nous ravit, sans qu’on sache pourquoi, dans le plaisir de cette apparition qui ne révèlera jamais son énigme. (Belinda Cannone)
Le Corrège, L'union de Jupiter et Io, 1531
Voir est une des choses les plus difficiles au monde : voir ou entendre, ces deux perceptions sont semblables. Si vos yeux sont aveuglés par vos soucis, vous ne pouvez pas voir la beauté d'un coucher de soleil. Nous avons, pour la plupart, perdu le contact avec la nature. La civilisation nous concentre de plus en plus autour de grandes villes : nous devenons de plus en plus des citadins, vivant dans des appartements encombrés, disposant de moins en moins de place, ne serait-ce que pour voir le ciel un matin ou un soir. Nous perdons ainsi beaucoup de beauté. Je ne sais pas si vous avez remarqué combien peu nombreuses sont les personnes qui regardent le soleil se lever ou se coucher, ou des clairs de lune, ou des reflets dans l'eau. J Krishnamurti
RépondreSupprimerSuper beau texte qui fait réfléchir ... Et Bobin, une fois de plus, a raison : rassurant de rencontrer des personnes qui sont sur la même longueur d'onde que nous ! N'est-ce pas !
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