Je ne passe pas ma vie à chasser les plaisirs minuscules. Cette quête serait par définition infructueuse, car ils ne fonctionnent qu'en associant au goût du jour une part de mémoire involontaire. Mais savoir qu'ils existent, d'autant plus désirables qu'ils demeurent secrets, est en soi un plaisir. C'est d'une certaine manière sentir que la terre est habitée, habitée de moi, d'une infime partie de moi qui attend peut-être sa révélation. On a pu comprendre sans souci que j'appelle plaisir la dégustation d'une première gorgée de bière, ou la satisfaction délicieusement inutile de sentir la présence d'un Opinel dans sa poche. J'ai vu qu'on tiquait davantage quand j'évoquais le bien-être causé par le ronronnement d'un réfrigérateur. Le tout premier de mes « plaisirs minuscules », celui qui m'a donné une piste d'écriture, était pourtant d'une essence assez particulière. Une sensation d'été. Traduire l'irrémédiable débâcle occasionnée par le gonflement de la semelle d'espadrilles en train de se mouiller m'a pourtant semblé à la fois être un plaisir et un sujet. Sujet, parce que sans doute personne n'en avait parlé avant moi. Plaisir, parce que la vie la plus banale pouvait receler un secret. Il se passe quelque chose. Le rien devient tout. Pour moi, le plaisir, c'est ça. (Philippe Delerm)
Petite histoire de l’espadrille Selon certaines sources, l’espadrille est originaire d'Espagne, où elle aurait été portée dès le XIIIème siècle par les fantassins du roi d'Aragon.
RépondreSupprimerSon nom dériverait d'esparto, une sorte de jonc que l’on tressait pour confectionner les semelles.
En France, cette sandale a vraisemblablement été fabriquée au Pays Basque dès le XVIIIème siècle par des artisans du chanvre et du lin, même si son usage s’est surtout répandu dans la seconde moitié du XIXème siècle.
Le village de Mauléon-Licharre en Soule (dans les Pyrénées-Atlantiques), qui est la capitale de la fameuse sandale de corde et de toile, a pris son essor vers 1850.
En 1880, les espadrilles (espartiña en souletin) sont portées par les ouvriers des mines et s’exportent jusqu'en Amérique du Sud.
La région compte alors une trentaine d’usines. En 1911, les 9 usines situées à Mauléon emploient 1600 ouvriers.
Aujourd’hui encore, c’est à Mauléon que sont produites près de 65% des espadrilles de fabrication française. La fabrication y est restée artisanale. La fabrication des espadrilles L’espadrille est faite de corde tressée et de toile. A l’origine, les artisans fabriquaient les semelles à domicile. La toile utilisée était le lin, qui a ensuite été remplacé par du coton aux couleurs vives.
Pour protéger la semelle des espadrilles, les paysans l'enduisaient de goudron. Aujourd’hui, la traditionnelle semelle en corde véritable est renforcée par du caoutchouc. http://www.youtube.com/watch?v=Uk4wUl8WlLk
En Roussillon l'espadrille se dit bigatane ou vigatane et se fabrique toujours à Saint-Laurent de Cerdans : http://www.espadrille-catalane.com/fr_FR/presentation-artisanat-catalan.php Les plaisirs de Delerm : grandioses insignifiances.....
RépondreSupprimerMerci de m'apprendre des choses !
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