J’ai tant de plaisir à faire du thé que l’idée même d’en faire est déjà un plaisir. Je me le donne souvent, seule ou accompagnée. Le meilleur est celui que je prépare avant d’écrire – celui qui me prépare à écrire. C’est une occupation très concrète, une forme d’artisanat qui rend caducs tous les vertiges de feuille blanche. Ces feuilles-là sont d’une autre trempe ; je les choisis pour leur saveur ou leur nom : Pleine lune, Elixir d’amour, Casablanca, Route du temps. Il s’y mêle des fleurs de bleuet, des fruits rouges, des fumées et des menthes. Je surveille l’ébullition, frémissement, et l’infusion, déploiement. Alors je peux m’asseoir à ma table. Le thé est ce mélange de fluide et de vapeur, de présence et d’absence, de savoir-faire et d’inexplicable, de matière et d’éther que poursuit le geste d’écrire. Il est frontière : on le boit comme l’eau du Léthé, qui nous rend absent à nous-même, le temps d’inventer l’autre rive. C’est l’autre vin de l’écrivain, son ivresse calme : voyez-le rivé à sa tasse (ce « ciel de porcelaine nue »), inspirant la « bizarre fleur qui parfume sa vie /Transparente, la fleur qu’il a sentie, enfant, / Au filigrane bleu de l’âme se greffant »*. *poème « Las de l'amer repos » de Mallarmé. (Camille Laurens)
"Si tu as froid, le thé te réchauffera. Si tu as chaud, ça te détendra. Si tu es dépressif, ça te réconfortera. Si tu es excité, ça te calmera." William Gladstone http://www.histoiresdethe.com/bienfait-du-the.htm
RépondreSupprimerExcellent !
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