Donner du sens à sa vie dans «l’épaisseur du quotidien»
Il n’est pas nécessaire de partir au loin, de répondre à une vocation religieuse, de créer un orchestre ou de renoncer à ses amis et à ses amours pour donner du sens à sa vie. Il s’agit surtout de devenir conscient, de se réveiller de la routine, de réaliser qu’il existe des milliers de possibilités, chaque jour, de vivre une aventure qui a du sens. Chaque rencontre, chaque acte posé peut avoir des conséquences insoupçonnées.
Il y a quelques années, nous avions reçu une lettre d’une lectrice qui racontait comment et pourquoi elle ne s’était pas suicidée alors qu’elle en avait la ferme intention. Elle s’était dirigée vers un pont d’où elle envisageait de se jeter dans le vide. Avant de commettre ce geste, elle s’était rendue dans un café proche du pont pour prendre une dernière consommation. La serveuse l’avait traitée avec tant de bienveillance, lui proposant de se déplacer vers le fond du café pour avoir plus chaud, lui donnant deux petits chocolats au lieu d’un et lui souriant presque avec tendresse que quelque chose s’était produit au fond d’elle. Comme une vague de chaleur, écrivait-elle ! Tout à coup, elle ne se sentait plus aussi seule, il existait des humains concernés par les autres. Elle but son café et resta longtemps assise là, alors que son corps et son cœur se réchauffaient. Ce soir-là, elle fit demi-tour et rentra chez elle, chercha de l’aide et commença une nouvelle tranche de vie. Nous avions été très touchés par cette histoire. Que se serait-il passé si la serveuse lui avait déposé la consommation sur la table, sans un regard, ou même avec un regard agacé ? Comme l’écrit l’auteur, Christiane Singer : «On ne sait jamais, chacun de nos gestes peut déplacer une étoile !» Donner du sens à sa vie, c’est accepter le fait qu’elle est précieuse, qu’elle est composée de milliers d’occasions, petites et grandes, de faire du bien à quelqu’un, de mettre un peu de joie ou de beauté dans l’univers.
Il n’y a pas de recette, pas de chemin tout tracé. A chaque instant, il s’agit d’être «conscient», «éveillé». Il est si facile de se laisser dériver sur les eaux de la vie sans se poser de questions fondamentales ! «La vie, c’est ce qui se passe sans que nous nous en rendions compte, pendant que nous sommes occupés à faire autre chose !» écrivait un auteur inconnu. Voilà bien le nœud du problème ! A quoi sommes-nous occupés ? Savons-nous où nous allons ? Sommes-nous en train de manifester nos valeurs importantes dans le quotidien de la vie ou nous contentons-nous de vivre par procuration en regardant vivre les «people» et les «stars» ?
Se poser des questions sur le sens de la vie, c’est se laisser interpeller par l’essentiel, c’est prendre la responsabilité de sa vie !
(Rosette Poletti, avec la collaboration de Barbara Dobbs)
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