Le petit monde d'Alice

samedi 19 mars 2011

Publié par Alice - 2 commentaires

C'est le moment de changer nos vies !

 

  

Le Vaudois Pierre Lehmann, ancien physicien nucléaire, fait son mea culpa et appelle à travailler deux jours par semaine !

Jeune diplômé en physique nucléaire de l’Ecole polytechnique de Lausanne dans les années 1950, il a cru au miracle de l’atome et participé à développer la filière nucléaire suisse. A 77 ans, le Vaudois Pierre Lehmann en est complètement revenu. De sa maison chauffée au bois, il nous a accordé une interview, où il livre sa vision pour sortir du nucléaire : une société nouvelle où l’on travaillerait deux jours par semaine !

Comment êtes-vous passé de la fascination pour l’énergie atomique à son rejet total ?
J’étais imprégné du discours ambiant de l’après-guerre, où l’on se disait qu’il nous fallait beaucoup d’énergie pour se développer. Et j’ai avalé les bobards du miracle nucléaire : très peu de matière pour énormément d’énergie. Je suis même allé jusqu’à défendre le projet pilote d’une centrale sous l’Ecole polytechnique de Zurich ! Aujourd’hui, je plaide coupable: nous n’aurions jamais dû commencer à exploiter l’atome.

Mais quand s’est fait le déclic ?
J’ai changé ma vision du monde progressivement. Travaillant pour des multinationales prônant 15% de croissance annuelle jusqu’à l’infini, je me suis dit que nous allions dans le mur. J’ai fini par ouvrir une petite société de conseil sur les dangers de la pollution à Vevey et j’ai milité contre le nucléaire.

Aujourd’hui à la retraite, comment jugez-vous l’onde de choc provoquée par le désastre nucléaire au Japon ?
J’espère que nous allons tous ensemble enfin planifier sérieusement notre sortie du nucléaire. Il faut savoir que même sans des accidents du type de Tchernobyl ou maintenant de Fukushima, les centrales du monde entier rongent chaque jour notre biosphère, nos mers et notre chaîne alimentaire.

Les accidents vous étonnent-ils ?
Non, car la course à la rentabilité s’est toujours faite au détriment de la sécurité. Quand on voit par exemple que la Suisse laisse encore fonctionner Mühleberg, il est clair que nous aurons aussi des ennuis ici.

Et au Japon, vous croyez qu’ils vont réussir à stopper le désastre ?
Non, c’est foutu ! L’immense masse de radioactivité amassée à Fukushima va continuer à s’échapper. Les dégâts pour la santé des hommes devraient se limiter au Japon. Contrairement à Tchernobyl, où une explosion a provoqué une pollution bien plus large. Et ce n’est pas fini : la mer va beaucoup ramasser aussi. Le milieu aquatique va souffrir de la radioactivité et tout ce qui sera pêché dans les années à venir devra être vérifié …

Quelle voie préconisez-vous pour sortir du nucléaire ?
Il faut cesser de mettre la charrue avant les bœufs! Pour l’heure, nous vivons toujours dans un système qui cherche à offrir un maximum d’énergie pour un maximum de profits et de consommation. C’est ainsi que nous avons par exemple inventé de toutes pièces notre besoin du nucléaire.

Comment faire autrement ?
Il suffit d’empoigner le problème par l’autre bout et se demander d’abord quels sont nos besoins pour mener une vie agréable. Voulons-nous continuer à travailler comme des dingues pour pouvoir par exemple s’acheter des gadgets sciemment mal construits pour être très vite jetés ? Pour s’en sortir, il faut changer nos vies.

Et jusqu’à quel point ?
Je défends la décroissance et l’idée que deux jours de travail par semaine peuvent suffire à satisfaire nos besoins de base. Et le reste du temps, amusons-nous, partageons ! Après l’ère de la mondialisation, je crois à l’avènement de petites sociétés humaines, conviviales et basées sur l’entraide entre individus. La fin du nucléaire et du pétrole devrait nous pousser à nous préparer à ce genre de modèle de vie.

Un sacré programme: même les Verts ne vont pas jusque-là …
Moi, je suis devenu anarchiste. Il est vrai que les Verts se focalisent beaucoup sur la manière de trouver des énergies alternatives et d’améliorer l’efficience énergétique. Mais ce qu’il faut d’abord, c’est sortir de l’obsession de la croissance économique! Même la gauche reste sous l’emprise de cette croyance qu’il faut de la croissance pour bien vivre. Elle ferait mieux d’être antiproductiviste.

Et dans votre nouveau monde, quelles sources d’énergie préconisez-vous ?
En Suisse, nous avons les barrages, qui peuvent suffire. Il y a aussi l’énergie éolienne. Les panneaux photovoltaïques, eux, sont une moins bonne solution, car leur fabrication pollue. Mais le plus important, c’est de décentraliser la production d’énergie, jusque dans chaque maison si possible. Actuellement, les grandes centrales et les grandes lignes électriques qui vont avec provoquent jusqu’à 30% de pertes d’énergie. Il faudrait au moins commencer par éliminer ce gâchis.

(Ludovic Rocchi - 17.03.2011)

Source :  www.lematin.ch 

2 commentaires :

  1. Fort intéressant cet article d'un scientifique qui connaît bien son sujet. Hélas, au stade de développement où nous sommes arrivés, je crains que ses propos soient utopistes !
    Bises

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  2. Suivant la tournure des événements, on sera peut-être bientôt obligés de se rallier à des idées du genre de celles-ci ... contraints et forcés. On verra ... ou pas !  

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