Chair des choses Je comprends mieux, en les frôlant, les choses belles, Je partage leur vie intense en les touchant, C'est alors que je sais ce qu'elles ont en elles De noble, de très doux et de pareil au chant. Car mes doigts ont connu la chair des poteries La chair lisse du marbre aux féminins contours Que la main qui les sait modeler a meurtries, Et celle de la perle et celle du velours. Ils ont connu la vie intime des fourrures, Toison chaude et superbe où je plonge les mains ! Ils ont connu l'ardent secret des chevelures Où se sont effeuillés des milliers de jasmins. Et, pareils à ceux-là qui viennent des voyages. Mes doigts ont parcouru d'infinis horizons, Ils ont éclairé, mieux que mes yeux, des visages Et m'ont prophétisé d'obscures trahisons. Ils ont connu la peau subtile de la femme, Et ses frissons cruels et ses parfums sournois... Chair des choses ! J'ai cru parfois étreindre une âme Avec le frôlement prolongé de mes doigts... Renée Vivien (Sillages, 1908) Renoir – Trois baigneuses, 1883-1884 <p style="margin: 0cm 0c
j'ai une petite préférence pour la chair des femmes, en fait j'embrasse l'herbe assez peu souvent
RépondreSupprimerIl a bien raison, Maupassant ! Ce nu est superbe !
RépondreSupprimerOh oui, il a raison !
RépondreSupprimerChair des choses Je comprends mieux, en les frôlant, les choses belles,
RépondreSupprimerJe partage leur vie intense en les touchant,
C'est alors que je sais ce qu'elles ont en elles
De noble, de très doux et de pareil au chant. Car mes doigts ont connu la chair des poteries
La chair lisse du marbre aux féminins contours
Que la main qui les sait modeler a meurtries,
Et celle de la perle et celle du velours. Ils ont connu la vie intime des fourrures,
Toison chaude et superbe où je plonge les mains !
Ils ont connu l'ardent secret des chevelures
Où se sont effeuillés des milliers de jasmins. Et, pareils à ceux-là qui viennent des voyages.
Mes doigts ont parcouru d'infinis horizons,
Ils ont éclairé, mieux que mes yeux, des visages
Et m'ont prophétisé d'obscures trahisons. Ils ont connu la peau subtile de la femme,
Et ses frissons cruels et ses parfums sournois...
Chair des choses ! J'ai cru parfois étreindre une âme
Avec le frôlement prolongé de mes doigts... Renée Vivien (Sillages, 1908) Renoir – Trois baigneuses, 1883-1884 <p style="margin: 0cm 0c