Le petit monde d'Alice

mardi 17 mars 2020

S'il était possible de tracer autour de soi un cercle virtuel et d'y accrocher un panneau "Entrée interdite", personne n'aurait à souffrir d'être envahi par le monde extérieur. Seulement voilà. A moins de s'exiler en solitaire sur une île déserte, il est difficile de trouver un endroit que l'autre n'empiète pas. Souvent, faute de place, il est difficile d'avoir un petit territoire rien qu'à soi à la maison ou au bureau quand on a sans cesse des personnes sur le dos. Cependant, l'exiguïté ne contraint pas à faire le deuil de son espace. C'est en effet en réussissant à s'extraire de temps en temps de l'agitation environnante, en mettant ponctuellement de réelles distances entre soi et les autres, que l'on reconquiert son oxygène. Couper la journée de travail par un déjeuner en solitaire, éteindre son téléphone une heure ou deux en début de soirée, s'enfermer dans la salle de bains pour se chouchouter sans être dérangé... En un mot, saisir toutes les occasions pour se retrouver en tête à tête avec soi-même, sans autre bruit que les battements de son coeur. Savoir s'octroyer des parenthèses de solitude reste sans doute le meilleur antidote à l'invasion de son espace vital. En acquérant cette autonomie psychique, nous devenons moins vulnérables à l'emprise de l'environnement. Même si nous ne sommes pas tous friands de solitude, elle reste indispensable, même à doses homéopathiques, pour retrouver le plaisir de se reconnecter à son jardin secret.
(Véronique Aïache, L'Éloge de la liberté, Parce que c'est si bon de choisir)



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